Faire des affaires sans dégrader son prix de vente et préserver la marge, c’est difficile. A partir d’observations faites sur le terrain, voici un tour d’horizon en 10 questions clés qui sont autant de pistes à creuser pour réussir à vendre à bonne marge.
C’est une certitude, la conclusion d’une affaire à bon prix se joue en partie dès le départ. Le premier contact est déterminant dans l’intérêt que le client va porter à votre offre. Il doit comprendre tout de suite que vous êtes un professionnel crédible et sérieux et quels sont les bénéfices qu’il obtiendra à travailler avec vous.
C’est votre capacité à développer une argumentation avec un fort impact qui démontre votre différence et renforce l’intérêt. Faire des promesses c’est bien mais apporter les preuves qu’elles seront tenues c’est encore mieux.
Cette attitude est déterminante dans la perception de la valeur de votre offre par le client. Selon que vous avez imprimé votre marque ou pas dans son esprit, il mettra plus ou moins de détermination à rencontrer vos concurrents et à négocier les prix par la suite.
C’est un levier qui peut créer la différence en négociation. Par exemple :
A noter qu’en enrichissant l’offre avec des produits ou services additionnels, vous vous aménagez des points que vous pourrez négocier ensuite. Si le client prend, vous accroissez votre revenu et votre marge avec des compléments (voir leviers commerciaux). S’il est réticent, vous avez à votre disposition des leviers pour accorder des concessions sans rogner les prix de vos produits ou services (un moyen pour minimiser le coût d’une concession faite à l’acheteur).
Il y a 3 principales techniques pour amener le client à acheter plus et augmenter le panier moyen. Ce sont :
La montée en gamme consiste à orienter le client afin qu’il fixe son choix sur un produit ou service plus profitable. Bien entendu, cette montée en gamme se justifie par de meilleures caractéristiques du produit ou service ou une meilleure exploitation.
Quelques exemples : dans l’aérien (le choix du siège, le forfait bagages…), le carburant premium, un menu plus cher pour des choix plus larges…
La vente additionnelle part du même principe. Le client obtient de meilleures conditions s’il achète plus. C’est le cas des ventes par lot ou des ventes groupées.
Proposer une vente complémentaire revient à saisir l’opportunité de l’achat pour proposer au client des produits ou services connexes à ceux qui sont proposés. Ils sont le plus souvent d’un prix très inférieur à celui de l’achat principal mais permettent de préserver la marge au global. Ils représentent pour le client un confort supplémentaire, une mise en œuvre facilitée, une garantie améliorée…
Par exemple : Le repas à bord dans l’aérien, les gants et les lunettes avec la ponceuse, la crème de soin avec les chaussures…
Une négociation se passe rarement comme prévu. On peut toujours s’attendre à d’éventuels rebondissements dans la discussion…
Entamer la négociation dans de bonnes conditions implique de réussir la phase de découverte de l’affaire. Elle repose sur un processus en plusieurs étapes :
Au cours duquel, le commercial va devoir :
– Dérouler un questionnement pertinent
– Identifier les besoins et les motivations d’achat
– Observer et écouter les réponses
– Creuser, reformuler, vérifier sa compréhension du client
– Détecter les non-dits et interpréter les sous-entendus
– Relever les éventuelles contradictions
– Identifier les décideurs et visualiser le processus de décision.
Se préparer, c’est découvrir les priorités des différentes parties prenantes et cerner l’ensemble des éléments de l’offre à bâtir. C’est aussi se fixer des objectifs précis, sur chacun de ces éléments pour adapter son offre en cas de négociation difficile. Le préalable incontournable : Savoir ce que l’on veut et définir précisément ses limites.
Pour négocier et préserver la marge, il y a des techniques. Une référence dans ce domaine est décrite dans les 5 règles du modèle de Philippe Korda, expert en stratégie et management ( Négocier et défendre ses marges – Dunod 5ème édition mai 2015 ). En voici un résumé succinct :
– Établir un point d’ancrage en étant le premier à formuler une proposition
– Seule une exigence élevée permet d’obtenir un résultat final favorable
– L’offre présentée au client s’établit après que les objectifs ont été précisément définis
– Prévoir une « soupape de sécurité » sur un point autre que le prix
– S’efforcer de présenter une offre non exactement comparable à celle de ses concurrents
– Annoncer les exigences prévues.
– Face à la pression de l’acheteur qui demande un « effort », il est recommandé de ne pas répondre immédiatement par une contre-proposition car ce sera lui accorder une concession qui aura peu de valeur à ses yeux et une perte d’argent.
– Défendre son offre par des arguments de valeur, c’est retarder le plus possible le moment des concessions. En argumentant précisément, on reprend le « pouvoir » dans la négociation.
– Une règle intangible : Ne jamais accorder de concession sans contrepartie
– Avant la négociation, préparer une liste de contreparties possibles
– Commencer par une question préalable : « De votre côté, seriez-vous prêt à … ?»
– Pratiquer l’ouverture : « Si vous … je peux éventuellement envisager… »
– Poser une contre-proposition : « Si vous … voici précisément ce que je peux vous consentir… »
– Si la situation est sous tension, rechercher des contreparties à faible coût pour le client.
– Éviter d’être le premier à faire une concession majeure
– Dire non avant de dire oui
– Éviter de couper la poire en deux : minimiser chaque concession
– Si la négociation s’éternise, accorder des concessions d’importance faiblissante avec des délais de plus en plus longs
– Tenter de déplacer les demandes du client vers des concessions moins coûteuses.
– Avancer dans l’entonnoir de la vente avec des questions de balayage du style « Mis à part ce point, sommes-nous bien d’accord sur le reste ? »
– Ne pas offrir de concessions sur le prix tant que le reste n’est pas clairement accepté.
– Amener la conclusion en engageant le client, par exemple : « Pour finir, si nous tombons d’accord sur ce point, vous passez la commande ? »
– Conclure lorsque l’accord total sur tous les points est définitivement acquis.
« On ne peut améliorer que ce que l’on mesure… »
Les indicateurs liés à la marge sont intéressants à exploiter pour 2 raisons principales :
C’est une grille qui permet de préserver la marge grâce à des prix planchers. Ces prix sont composés le plus souvent à partir :
– De votre prix de revient,
– Avec un ratio dérivé de vos charges fixes,
– Du montant des charges imputables à la diffusion du produit ou service,
– Et enfin de la marge minimum que vous souhaitez réaliser.
En diffusant cette grille à l’ensemble de vos collaborateurs commerciaux, vous évitez les dérapages sur les prix accordés aux clients.
C’est toujours une opération délicate. Pour mettre un peu de sérénité de son côté, il est conseillé de :
– Anticiper le sujet très tôt avec vos clients,
– En légitimant la future hausse par des annonces indirectes, par exemple : des exigences nouvelles en termes de qualité, des coûts de matières premières, une nouvelle organisation, un service amélioré…
– Par une prise d’informations sur ce que font vos concurrents afin d’être prêt aux éventuelles comparaisons.
Inutile d’espérer faire passer la hausse avec « Les prix augmentent de 2% chaque année, c’est comme ça ! », « C’est l’augmentation du coût de la vie ! » … Si votre client est un professionnel, il mérite une information pertinente avec des données claires et précises.
Votre décision de hausse des prix vient de faits objectifs (environnement économique, évolution de l’offre, renforcement de la structure de coût…). Il s’agit d’expliquer et surtout de montrer au client quels en sont les bénéfices.
Certes vous annoncez la hausse avec conviction. Votre client comprend ainsi quelle est incontournable. Néanmoins, il est préférable de prévoir des options d’évitement :
Vis-à-vis de votre client :
Au cas où l’annonce de la hausse provoque une tension dans vos relations avec le client, prévoyez une stratégie : application de la hausse par paliers successifs, modulation en fonction des gammes de produits ou services…
Pour rentabiliser cet effort dérogatoire, obtenez une contrepartie (Augmentation du volume de commandes, livraisons centralisées…). A noter que parfois le client a juste besoin qu’on l’aide à « revendre » cette hausse, en interne ou à ses clients.
Si le client reste fermé mais que vous souhaitez le conserver, vous pouvez lui proposer une alternative moins chère mais au prix d’un service dégradé. S’il tient à votre qualité de service, il se pliera à la hausse. S’il choisit la formule « éco », vous ferez un peu moins de CA avec lui mais vous aurez conservé votre client.
Et de votre côté :
Si votre client refuse toute hausse quoi qu’il arrive, réfléchissez aux conséquences : Etes-vous prêt à le perdre ? Quel impact dans vos résultats ? Quel poids représente-t-il sur votre marché ? Quelles concessions êtes-vous prêt à consentir pour éviter la rupture ?
Il est crucial que vos commerciaux s’approprient le discours d’annonce de la hausse et sachent ainsi la présenter et la vendre à leurs clients.
Ne rémunérer que le volume vendu est une politique dangereuse, car chaque commercial est tenté de maximiser ses ventes en volume avec des prix bas (voir comment préserver la marge avec une grille de délégation).
De la même façon, à produit ou service égal, un commercial qui vend plus cher mérite une meilleure rémunération de ses efforts.
Un plan d’action dédié à la marge permet de sensibiliser au quotidien la force de vente au suivi de ses marges par client, offre ou produit.
Le mettre en place entraîne des points réguliers, points d’équipe ou points d’étape. Au cours de ces réunions, les échanges, les bons résultats comme les contre-performances sont riches d’enseignement. Chacun est invité à confronter ses méthodes et ses résultats à ceux de l’équipe. Il en ressort un partage de bonnes pratiques.
Ce plan agit comme un stimulant collectif pour votre équipe qui progresse. Il est une démarche d’amélioration continue très profitable.
Pourquoi une stratégie de conquête ?
La conquête commerciale est indispensable pour innover. Les clients nous font progresser avec leurs initiatives et grâce aux changements qu’ils nous imposent. Pour gagner, nous devons donc en permanence être à l’écoute du marché, de ses clients et répondre avec de l’innovation. C’est cette posture qui nous fait progresser et contribue à l’amélioration des marges.
Motiver vos équipes pour la conquête c’est installer une culture d’excellence. Pour gagner, il faut être vu par les prospects comme les meilleurs. Être les meilleurs, c’est se mobiliser en équipe et individuellement, c’est développer et partager des ressources, c’est échanger les pratiques qui réussissent, c’est développer un esprit de gagneur et renforcer la confiance des équipes. C’est une posture d’excellence qui aiguise le sens du résultat et la volonté de vendre au meilleur prix.
Nous pouvons vous accompagner dans votre stratégie commerciale.
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